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L'exportation devient nécessaire pour le blé bio

Les marchés à l'exportation du blé bio dépendent des conditions climatiques et de la géopolitique.

Devenu excédentaire, le marché du blé bio français a besoin d'exporter pour s'équilibrer, même si ce débouché est incertain.

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Le contexte économique du blé bio commence à se complexifier. Jusqu’alors, « nous étions dans une situation où la demande était supérieure à l’offre, et la question de l’exportation ne se posait pas trop », note Bastien Boissonnier, du Cluster bio. Cette association fédère les transformateurs et distributeurs bio en Auvergne-Rhône-Alpes. Mais à la faveur d’une hausse des surfaces certifiées ces dernières années, et d’une consommation intérieure peu dynamique, les stocks gonflent.

« Aujourd’hui, l’exportation devient un vrai débouché si on ne veut pas perdre les agriculteurs qui se sont convertis en bio », estime-t-il. Selon les bilans prévisionnels de FranceAgriMer, la France aura exporté 65 000 tonnes de blé tendre bio à la fin de la campagne de 2022-2023, contre 42 500 en 2021-2022 et 3 000 en 2020-2021.

Des opportunités à consolider

Diane Rivaton, référente en agriculture biologique à La Coopération Agricole de l’Auvergne-Rhône-Alpes, confirme : « Aujourd’hui en blé bio, on arrive sur des exportations qui sont nécessaires mais incertains. » Il faut dire que même en bio, les achats internationaux sont tributaires des conditions climatiques et de la géopolitiques. Les destinations ne sont pas assurées sur le long terme.

La France a notamment déjà exporté la céréale tricolore vers l’Italie et l’Espagne, après une sècheresse importante. « Les pays du nord de l’Europe ont aussi été demandeurs, complète-t-elle. Ils sont importateurs historiques de l’Europe de l’Est et se sont rapproché des blés français dans le contexte de guerre en Ukraine. » Actuellement, la France exporte du blé fourrager vers l’Espagne, toujours en lien avec le manque de pluie. « En blé meunier, il n’y a pas trop de demande aujourd’hui, sauf en Allemagne et au Benelux. Mais souvent, les niveaux de prix sont trop faibles pour que l’on s’y intéresse aujourd’hui », fait-elle savoir.

Déclassement vers la filière conventionnelle

Les autres cultures bio sont moins concernées par l’exportation, à l’exception du maïs qui profite d’une valorisation intéressante. Selon les dernières estimations de FranceAgriMer, 46 000 tonnes de maïs ont été exportées en 2021-2022. « L’exportation permet de désengorger un peu le marché, ponctuellement », juge Diane Rivaton.

Pour Bastien Boissonnier, un autre débouché a un potentiel « sous-exploité » pour le blé bio : celui de la restauration collective. L’objectif est aussi, selon lui, d’éviter les fluctuations de marché en relocalisant la demande.

Pour l’heure, Diane Rivaton conseille aux agriculteurs de bien sécuriser leurs débouchés, en s’engageant auprès d’un metteur en marché. « Sinon, il y a un risque de valorisation en conventionnel », alerte-t-elle. Certains lots de blé bio ont été vendus dans le circuit conventionnel ces derniers mois. Une enquête est en cours pour déterminer les volumes concernés par ces déclassements. Mais l’experte a confiance dans la résilience de la filière bio : « Nous sommes dans une phase conjoncturelle, nous allons passer le cap », assure-t-elle.

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